La Birmanie a un nouveau président : le premier élu démocratiquement depuis 1957. Htin Kyaw devient aussi le premier président civil du pays après cinquante ans de dictature militaire, dont les gouvernements successifs furent dirigés par d’anciens généraux. C’est lors d’un vote du Parlement birman, mardi 15 mars, que le nouveau président a été élu par 360 voix sur 652 députés. La Ligue nationale de la démocratie (NLD), qui a remporté 80% des sièges en lice dans les deux chambres du Parlement en novembre dernier, avait proposé le nom de ce proche d’Aung San Suu Kyi.
Réputé particulièrement loyal à son pays, Htin Kyaw est le fils d’un célèbre poète birman, Min Thu Wun. Diplômé d’économie, ancien professeur d’université, le nouveau président birman a également été fonctionnaire aux ministères des Affaires Etrangères et de l’Industrie. Htin Kyaw prendra ses fonctions le 1er avril.
"C’est la victoire de notre sœur Aung San Suu Kyi", a-t-il déclaré juste après son élection, dans les couloirs du Parlement de Naypyidaw, la capitale administrative birmane. La Constitution élaborée par la junte au pouvoir pendant près de trente ans bloquait l’accès à la présidence pour la "Dame de Rangoun" : le texte excluait de la fonction toute personne ayant des conjoints ou des enfants étrangers. Une disposition qui visait directement celle qui, en novembre dernier, a mené la transition démocratique de la Birmanie.
Aung San Suu Kyi n’a toujours pas précisé si elle serait ministre du gouvernement qui doit être formé début avril. Elle a cependant elle-même assuré au peuple birman qu’elle serait "au-dessus du président", en tant que ministre, ou bien en tirant les ficelles de l’exécutif depuis son poste de députée.