L’année 2018 a bien mal commencé pour l’Afghanistan, visé par de nombreuses attaques de l’organisation Etat islamique et des Talibans, qui ont lancé leur "offensive de printemps". Le 9 mai, des attaques kamikazes et des hommes armés ont fait plusieurs victimes dans deux commissariats de Kaboul. Une semaine plus tôt, un double attentat suicide dans la capitale afghane a tué au moins vingt-cinq personnes, dont le chef photographe de l'AFP Shah Marai et huit autres journalistes. Les forces de sécurité afghanes et les lieux de rassemblement chiites sont particulièrement visés. 2017 avait déjà été une année meurtrière pour l’Afghanistan, avec 605 morts et près de 1700 blessés, le plus lourd bilan jamais enregistré sur le territoire.
Malgré l'insécurité en Afghanistan, l'Europe durcit sa politique d'accueil à l'égard de ses ressortissants. L'année 2017 a été marquée par une décision controversée de l'Allemagne, qui a choisi en février d'accélérer les expulsions de réfugiés afghans, deuxième groupe de demandeurs d’asiles derrière les Syriens, vers leur pays d’origine. Pour cela, le gouvernement allemand a classé certaines régions afghanes en "zones sûres". Une classification contestée de toutes parts, et mise à mal par la situation sur le terrain.
Depuis la fin de la mission de l'OTAN en Afghanistan fin 2014, le pays est plongé dans une crise dont on ne voit guère l'issue. 20% du territoire afghan est désormais sous le contrôle des insurgés et seulement 56% sous celui du gouvernement, le pire chiffre depuis 2001. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Après avoir initialement annoncé leur départ du pays, les États-Unis ont déclaré en août 2017 qu’ils excluaient tout retrait de leurs troupes d’Afghanistan, pour éviter de créer un vide favorable au terrorisme. Dans notre dossier, retrouvez reportages, témoignages et décryptages pour comprendre la situation actuelle en Afghanistan.